La crise du Covid-19 réoriente les taux à la hausse

14 avril 2020

La crise du Covid-19 réoriente les taux à la hausse

Le crédit à l’habitat a été lourdement impacté par la crise du Covid-19, et les mesures de confinement décidées à la mi-mars. L’évaporation des transactions immobilières due à la fermeture des agences et des études notariales a quasiment asséché les flux entrants sur le segment des prêts à l’habitat.

En outre, la nécessité de financement d’urgence d’un autre segment, à savoir celui des entreprises, a réorienté la capacité de traitement bancaire vers les demandes de report et la distribution du prêt garanti par l’État aux entreprises.

Depuis la mi-mars, si une minorité des établissements accepte de nouvelles demandes de prêt, une majeure partie n’a pas communiqué de grilles pour avril. Pour les quelques banques qui les ont transmises, on note une nette hausse des taux par rapport à mars. La moindre concurrence sur le marché du crédit immobilier, du fait d’un nombre moins important de grilles, se traduit ainsi par une augmentation des taux du baromètre général, qui s’avère être de 25 points de base en moyenne.

« Alors que la période est traditionnellement marquée par l’entrée dans le premier temps fort habitat de l’année et par une relative concurrence dans l’acquisition client, la moindre pression sur le marché du crédit immobilier, due au fait qu’une majeure partie de banques se concentre sur d’autres besoins de financement en cette période de crise majeure, a eu un impact assez marqué sur les taux de notre baromètre, de l’ordre de 25 points de base en moyenne. Toutes les banques restant actives sur le marché du crédit immobilier ont fait état de grilles réévaluées, un mouvement qui fait suite à une augmentation des rendements constatée depuis début mars sur les marchés obligataires. L’une d’entre elles a notamment relevé ses grilles jusqu’à 70 points de base, suggérant une volonté de réduire pour l’heure les entrées de dossiers sur le segment du prêt à l’habitat, avant une normalisation de la situation sanitaire », note Alban Lacondemine, président fondateur d’Emprunt Direct.

« Le Coronavirus aura nécessairement un impact en termes de coût du risque, ce qui a été intégré depuis quelques semaines sur les marchés de taux. Lorsque les agences rouvriront et que le marché du crédit à l’habitat redémarrera, il conviendra donc de voir l’état effectif de la demande, qui devrait avoir été amoindrie par le choc économique, qui pourrait avoir conduit certaines entreprises à déposer le bilan. Des augmentations de refus de financement pourraient en outre intervenir du fait des dégradations de cotation de sociétés. Le pouvoir d’achat immobilier serait en tout cas susceptible de se trouver affecté par la hausse des taux, situation à même d'exclure certains acquéreurs potentiels du marché et astreindre certains vendeurs à intégrer cette moindre capacité de financement », ajoute- t-il.

Les prix pourraient ainsi devenir la seule variable d’ajustement dans un marché où les volumes auront été clairement affectés. L’incertitude demeure par ailleurs sur la fin du confinement, lequel a été confirmé jusqu'au 11 mai. Si le président de la République a annoncé une réouverture progressive des écoles, crèches et lycées, il a néanmoins précisé que certains établissements recevant du public (ERP) tels que les restaurants, cafés, hôtels «resteront fermés ».

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